La Pléaide

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Reliure 1
Reliure 2
Les coulisses de la Pléiade

Fabrication d'une Pléiade : de la reliure à l'assemblage

La lettre de la Pléiade n° 5
mai-juin-juillet 2000

Après les phases de composition et d'impression, la fabrication s'achève dans un atelier qui consacre 80 % de son activité à la reliure des Pléiade : Babouot, à Lagny.

Caractéristique essentielle de la Pléiade, synonyme de luxe qui souvent conduit à manier le volume avec délicatesse et attention, la reliure pleine peau est pourtant une garantie de solidité, sans comparaison avec les reliures « carte » classiques de la majorité des livres publiés actuellement.
Gage de qualité, cette ultime étape est jalonnée, comme le précise le cahier des charges du relieur, de 17 points de contrôle.

Les cahiers arrivent directement de l'imprimerie déjà pliés pour être assemblés et reliés.
Étant donné la finesse du papier, chaque cahier est cousu à la machine avec un fil textile très fin. La couture se résume à des points dits « en décalé » afin d'éviter une surépaisseur au dos d'un cahier sur l'autre. Le collage des gardes et de la mousseline qui enserre ces gardes, ainsi que l'encollage du dos et de la mousseline ont pour effet de renforcer l'effet de la couture en solidarisant et solidifiant le tout.
Lors du passage au massicot, la rogne des trois tranches donne à l'ensemble un aspect lisse et égal. Le bloc peut ainsi partir pour la coloration de la tranche de tête. Tout au long de cette opération, qui s'effectue en machine à faible vitesse, on veille à maintenir les blocs bien compressés afin d'éviter la pénétration de l'encre entre les feuilles (les coulures).

La préparation de la couverture se fait en parallèle et s'organise en deux temps : le montage et l'identification.

Le montage : il s'agit, tout d'abord, d'assembler les trois composantes de la couverture : cuir, feutrine et carton. Les peaux (45 000 peaux de mouton à l'année) sont achetées déjà colorées à la tannerie, compte tenu du code immuable qui associe à chaque siècle une couleur. Elles sont découpées à la main à l'aide d'un gabarit en aluminium.
La feutrine, collée au cuir, a pour propriété d'isoler le cuir du carton ; en outre elle donne du moelleux à l'ensemble.
Enfin, le cuir est rabattu sur le carton, en parant les coins, c'est-à-dire en supprimant de la matière, de façon à éviter la surépaisseur. Cet élément cartonné donne maintien et solidité au corps de l'ouvrage. On utilise toutefois un carton plus fin pour le dos pour éviter la cassure et obtenir une meilleure ouverture du volume.

L'identification : il est à noter que seul le marquage au dos identifie l'ouvrage ; le premier plat demeure vierge depuis l'origine de la collection.
Le titre, l'auteur et le décor (filets pour la bibliothèque, étoiles pour l'encyclopédie) sont frappés à chaud, à la feuille d'or 24 carats, au moyen d'un fer à dorer en bronze. Mais il aura fallu, au préalable, atténuer le grain du cuir pour gagner en visibilité : pour ce faire, on écrase la pièce de titre, sorte d'étampe qui marque l'emplacement du titre.
Cas particulier pour les oeuvres du XXe siècle : la teinte havane du cuir étant trop proche de la couleur or, la pièce de titre est frappée en vert pour une meilleure lisibilité.

À ce stade, la couverture est prête à accueillir le corps de l'ouvrage. L'opération d'assemblage se fait sur la chaîne d'emboîtage où l'on procède au collage du signet et du tranchefil.
Puis on réchauffe le dos afin d'en ramollir la colle. Les cahiers devenus plus mobiles, on exerce alors une pression sur la tranche, ce qui a pour effet d'arrondir le dos.
Les gardes entièrement encollées, le bloc se positionne, par le dos, sur la couverture à plat ; des pattes mécaniques rabattent ensuite la deuxième et la troisième de couverture sur le bloc.
Le livre est pratiquement terminé. Il ne lui manque que son habillage : la pose de la jaquette transparente en rhodoïd est effectuée à la main (un seul des deux rabats a été préparé ; l'autre est plié à ce moment seulement), tout comme la mise sous étui.
Ainsi parée, protégée, la Pléiade a rassemblé tous ses attributs de reconnaissance pour rencontrer ses lecteurs en librairie.

Les couleurs des reliures

ANTIQUITÉ
Cuir : vert antique

MOYEN ÂGE
Cuir : violet

XVIe SIÈCLE
Cuir : corinthe

XVIIe SIÈCLE
Cuir : rouge vénitien

XVIIIe SIÈCLE
Cuir : bleu

XIXe SIÈCLE
Cuir : vert émeraude

XXe SIÈCLE
Cuir : havane

   

ANTHOLOGIES
Cuir : rouge Churchill

RELIGION
Cuir : gris

ENCYCLOPÉDIES
Série historique
Cuir : grenat

Série méthodique
Cuir : vert