« Je sais où je vais, mais assez imprécisément encore. » Nouvelles remarques sur les manuscrits de Céline.
Sous le titre « Cauchemars en réserve », emprunté à une lettre de Céline à son ami Joseph Garcin (septembre 1930), La Lettre de la Pléiade n° 70 proposait, alors que le travail sur les manuscrits retrouvés de Céline battait son plein, un panorama provisoire de ces découvertes. Une année s’est écoulée, au cours de laquelle les travaux d’établissement, de présentation et d’annotation des textes retrouvés ont été conduits à leur terme, comme l’a été la révision, à la lumière de ces textes, de la présentation des romans déjà connus. Les nouveaux « Céline » de la Pléiade sont sortis des presses. Le titre sous lequel on rassemble les remarques qu’ils nous inspirent est cette fois tiré d’une lettre de Céline à son traducteur John Marks, lettre écrite en septembre 1934, pour ainsi dire dans le feu de l’action.
Parution le 25 Janvier 2024
165.00 €
Il y a les usages, les habitudes, les certitudes. Un jour, à force de recherches, et de découvertes petites ou grandes, on s’avise que tout est à repenser. Mais comment faire ? et jusqu’où aller au service d’une œuvre ? Toute nouvelle édition soulève des questions de principe et de méthode. Celle, particulièrement nouvelle, des œuvres romanesques de Bernanos ne fait pas exception.
On connaît mieux Lucien Leuwen depuis sa dernière édition au sein du tome II des Œuvres romanesques complètes de Stendhal (voir la Lettre de la Pléiade n° 29), mais connaît-on Lamiel, l’autre grand roman inachevé de cet écrivain ? Serge Linkès, qui a édité l’ouvrage dans une perspective nouvelle, fait le point sur la question.
La recherche et l’édition des lettres d’un écrivain est souvent une longue aventure (voir « La Marquise introuvable », Lettre no 8), qui exige des éditeurs flair, ténacité, diplomatie, débrouillardise (voir « Un univers au creux des mots », Lettre n° 16), sans oublier un bon appareil photo numérique. Hervé Yon, qui possède tout cela, a bien voulu évoquer pour la Lettre le fatal engrenage (ou le conte de Noël, comme on voudra) qui a fait de lui le coéditeur, avec Roger Pierrot, de la Correspondance de Balzac dans la Pléiade.
Ils ne sont pas faits pour être lus, mais plutôt consultés. Certains amateurs s’en délectent pourtant et ne conçoivent pas de meilleur moyen d’entrer dans une œuvre. Il reste que, pour la plupart des lecteurs, les index sont de simples outils. On s’en sert plus qu’on n’en parle. Mais justement, parlons-en.
Qui a lu l’Histoire de ma vie dans l’édition parue en mars dernier a dû remarquer un dispositif peu fréquent dans la Pléiade : au bas des pages courent des notes et des variantes, parfois les unes, parfois les autres, parfois les deux. Ces notes et variantes dites « infrapaginales » ou « de pied » (les Anglo-Saxons parlent de footnotes) ne remplacent pas les notes imprimées à la fin du volume. Elles ont respectivement une autre fonction et un autre statut. Cela mérite un mot d’explication.
À l’occasion de l’entrée de l’Œuvre de Milan Kundera dans la Pléiade, un mot sur une pratique ancienne : l’établissement, par l’auteur lui-même ou sous son contrôle, d’une édition rassemblant, après révision, l’essentiel ou la totalité de son œuvre. Quel nom donner à cet usage ?